Rentrant sur la pointe des pieds, j'évite de me faire gauler par mon père, il déteste quand je sors trop tard, et a souvent peur que je remette l'image de la famille Cohen en cause. Petite, tout cet argent ne me dérangeait pas bien au contraire, j'y trouvais mon compte, j'obtenais ce que je voulais, d'un simple sourire, d'un simple claquement de doigt. Je me souviens, j'étais une vrai petite garce quand j'étais gamine, je dois encore l'être dans une certaine mesure, je déteste qu'on me dicte ma conduite, et malheureusement, c'est ce que mon père a tendance à faire, avec moi et ma soeur Elizabeth. C'est ma soeur aînée, et on a toujours été plus au moins proches toutes les deux. Mon père et moi on s'entend de moins en moins à vrai dire, petite je me taisais, je faisais tout pour obtenir les bonnes grâces de mon père, maintenant, adolescente, j'en ai un peu rien à foutre de ce qu'il pourrait penser de moi, de toute manière tout est parfait pour lui à condition qu'on se taise et qu'on dise amen à tout ce qu'il désire, mais moi j'en ai assez. J'ai un caractère de merde je l'assume, et me dire ce que j'ai à faire, non hors de question. Je marche sur la pointe des pieds dans le long couloir me ramenant à ma chambre, je suis un peu bourrée alors j'essaye de faire attention, sinon mon père va encore me claquer une crise. J'entends alors une voix s'élever derrière moi je sursaute me retournant. « Putain ». Je soupire voyant la gueule de mon père, je peux pas m'empêcher de rire, il fronce les sourcils, signe de sa colère. « C'est à cette heure que tu rentres ? ». Je soupire en replacant une mèche de ma chevelure blonde. « Je serais bien rentrer encore plus tard mais vu ta gueule là, ça aurait été un peu tendu non ? ». Je le provoque, j'aime ça, ça a toujours été le cas. Masha s'oppose moins à mon père, je sais pas pourquoi, sûrement parce qu'elle a peur qu'il l'a foute à la rue, moi je m'en fiche un peu, de toute façon, je saurais bien me reconstruire. Mon père semble fulminer. « Files dans ta chambre espèce d'insolente, on reparlera demain ». Je ricane en le fixant, putain l'alcool et moi au final on est pas bon amis. Je penche ma tête sur le côté. « C'est une obligation ? ». Il fulmine encore plus alors que sa main viens claquer lentement contre ma joue. Waouh ça réveil. Je lui lance un regard noir, passant le bout de mes doigts sur ma joue meurtrie par le coup que je viens de me prendre. « Espèce de connard ». Je lâche ça avant de filer dans ma chambre, ne le laissant même pas rappliquer, m'enfermant à double tour. C'est sûrement la crise d'adolescence, j'en sais rien, mais moi j'en ai marre de lui, je le supporte plus, et de toute façon il a Elsa. La fille parfaite selon lui, je suis pas jalouse non, j'en ai juste rien à foutre, on verra bien ce que donne la suite, mais je m'écraserais plus devant lui, je l'ai assez fais durant mon enfance de petite gosse de riche.

Mon regard balaye la salle où se donne une réception importante, d’un regard. Je reconnais certaines personnes qui travaillent avec moi et d’autres qui au contraire me semblent totalement inconnues. Je ne compte pas me faire d’amis dans ce milieu de toute manière. J’ai quitté ma famille et la vie que j’avais avant pour réussir ici et me voir accéder à la gloire et la réussite que j’attends. Je ne veux pas voir une seule personne se mettre en travers de mon chemin. De toute façon, je n’hésiterais pas une seule seconde à utiliser de tous les moyens pour la faire reculer. Je porte une coupe de champagne au creux de mes lèvres en me retournant, remarquant au loin Asher. Je souris en coin, bien décidée à le retrouver. On s’est rencontrés à une soirée de charité et on se faisait clairement chier tous les deux. On a fini par se lancer dans une sorte de jeu, à se lancer des défis tous plus idiots les uns que les autres, à se tourner autour sans pour autant céder à la tentation de lier nos deux corps. Au début, ce n’était pas vraiment l’amour fou, son caractère lié au moins faisait au contraire de nombreuses étincelles. A présent, les choses semblent un peu se compliquer. Je crois que je pense un peu trop à lui au vue de notre relation. Ça m’emmerde. Je ne veux pas m’attacher. Je veux même ne pas tomber amoureuse parce que c’est le genre de connerie qui vous fera inévitablement souffrir. Il me trouble et ça c’est un constat. Je ne veux pas qu’il le remarque parce que j’imagine déjà sa gueule et son sourire de connard qui jubileront à cette idée. Je m’avance à travers les convives présents, arrivant à sa hauteur. « Tiens, tiens mais qui voilà. » Il se retourne, affichant un léger sourire en faisant une révérence – sûrement ironique pour me saluer. J’arque un sourcil en mordant légèrement ma lèvre. Je continue de boire le liquide pétillant et alcoolisé. « T’es pas sur les podiums alors Cohen, avoues que je te manquais trop. » Qu’il me dit en s’approchant un peu de moi, son corps frôlant le mien. Il tourne autour de moi, soufflant dans mon cou avant de se remettre à mes côtés, observant à son tour la masse d’invités. « Tu ne me manques jamais. » Que je dis en souriant. Mensonge, évidemment. Il me manque ouais, parfois mais je préfère ignorer ça en me disant que c’est qu’une putain de passade. Je lui souris alors qu’on se met à marcher un peu. Son bras frôle le mien et il finit par se stopper devant moi. « On reprend le jeu ? » Qu’il me dit le plus sérieusement du monde. Je penche ma tête sur le côté en suçotant légèrement mon index avant de venir le passer sur ses lèvres. Il entrouvre la bouche et je souris de plus belle. « Justement. J’ai un prix important à mettre en jeu si tu réussis le prochain défi. » Il me regarde, interloqué sans vraiment comprendre où est ce que je veux en venir. Je prends sa main l’emmenant un peu à l’écart sans pour autant être trop loin des convives. « Et quoi donc Cohen ? » Qu’il me dit en venant un peu plus près de moi encore. Je souris de plus belle avant de scruter la foule, mon regard se stoppant sur une espèce de fille totalement insipide et coincée. « Tu vois la brune là-bas, avec la robe rouge ? C’est une danseuse étoile qui gravi lentement les marches de la célébrité. On dit qu’elle aussi coincée que l’art qu’elle pratique. Je te donne deux semaines pour réussir à la baiser. » Que je dis en me tournant vers lui. Il se met à fixer la danseuse, un peu trop à mon goût sûrement et ma main se déporte contre sa joue pour qu’il me regarde, moi. Il sourit en buvant une gorgée de champagne tout en secouant un peu la tête. « Et le prix c’est quoi ? » Et c’est là que ça devient intéressant. Je dépose ma coupe sur le plateau d’un serveur qui passe au même moment avant de faire reculer Asher lentement dans un petit couloir isolé. Il sourit sans me quitter du regard et je le plaque lentement au mur en venant mordiller son oreille. Je pose une main contre son torse alors qu’il frôle mon bras du bois des doigts – me faisant frissonner. « Le prix c’est moi. Baises-la et tu réussiras à me baiser. » Que je dis en me mordant la lèvre avant de venir passer ma langue sur le lobe de son oreille. Je ne sais même pas pourquoi je lui lance ce pari stupide surtout que je ne veux pas qu’il couche avec cette idiote, en même temps vu comme elle est coincée, je me dis qu’elle ne voudra sûrement pas. « T’es sérieuse ? » Qu’il me dit en me fixant. Je viens frôler ses lèvres sans pour autant les appuyer contre sa bouche. « C’est ce que tu veux non ? Me foutre dans ton lit, c’est le moment. » Que j’ajoute en laissant ma main flirter contre son entre jambe. Je bouge lentement ma main pour le teaser en goûtant presque ses lèvres. Il se crispe – je jubile. Je finis par me reculer sans un mot de plus avant de rejoindre les autres invités. Je me fou encore dans une belle merde. Je bouille déjà de rage à l’idée qu’il la touche mais c’est moi qui ai lancé ce pari stupide. Je me retourne en le fixant une dernière fois, souriant pour ne pas montrer que ça m’emmerde et surtout que je suis attachée à lui plus que ce que je ne veux m’avouer.