L’adolescence c’est quand on passe un samedi soir à la maison assis à ne rien faire et que, lorsque le téléphone sonne, on espère que ce ne soit pas pour nous.

Buvant, cul sec, la dernière gorgée de sa huitième bière de la soirée, Slynsleigh posa brusquement son verre sur le comptoir du bar. Elle en était devenue presque inconsciente, chaque verre lui faisait un peu plus tourner la tête, la mettant à l'usure peu à peu, sans qu'elle-même puisse s'en rendre compte. Elle n'avait jamais été aussi pétée que ça, même pas à l'anniversaire de ses seize ans, qui ne datait d'ailleurs de pas plus de deux mois. ; sans doutes parce qu'elle n'avait pas prévu assez pour le nombre d'invités qui étaient présents à cette petite fête, du moins ce qu'elle était censée être, avant que quelques personnes soient entrées sans sonner. Un inconnu la tirait par la main, du moins c'était ce qu'elle pensait, son ivresse rongeait son esprit petit bout par petit bout. Elle avait machinalement attrapé son sac à main, qui contenait le strict nécessaire pour une soirée : ses trois paquets de cigarettes, un briquet, la boîte de préservatifs qu'elle volait chaque semaine chez l'infirmière du lycée parce qu'elle n'osait pas lui en demander, ses clefs et un couteau, la jolie brune prenait toujours ses précautions, un peu (trop) paranoïaque sur les bords, c'était le cas de le dire. Sa manière de marcher était maladroite, ses pieds partant en permanence dans un circuit en zig zag, elle se laissait presque traîner, la force de tenir sur ses deux jambes l'avait quittée depuis le quatrième verre, au moins. Ils venaient de passer la porte, tout paraissait beaucoup plus calme d'un coup. Seule la lueur de la lune éclairait la rue sombre. Slyn prit une grande respiration, posant sa tête contre la façade du bar dans lequel elle se trouvait, elle avait le couple saccadé, presque coupé et avec difficulté, elle remplit ses poumons d'air frais. « Ca te dirais, de faire quelque chose que tu regretteras jusqu'à la fin de ta vie ? » Noah lui avait adressé la parole, elle leva avec difficulté ses yeux chocolats vers ceux du jeune homme. « Plus que m'être bourrée la gueule à en être sur le point de crever ici ? T'auras du mal à trouver pire, j'ai envie de gerber et j'ai un putain de mal de crâne. » Il l'a fit remontée sur ses deux pieds. « Tu vois la grande maison là-bas ? Bah elle appartient à un mec surfriqué, ancien ambassadeur des Etats Unis en Russie, son fils a pris sa retraite avant de travailler et il a plus de billets verts que quelqu'un qui a gagné huit fois au loto. Par contre, ce qu'il n'a pas, c'est un système de sécurité. » Elle savait parfaitement où il venait en venir, elle voulait juste une seule chose, qu'il arrête de tourner autour de pot et qu'il lui dise directement ce dont il avait envie. « Et ? Des riches on en croise à tous les coins de rues, pendant que tu te fais un sandwich dégueulasse eux ils sont dans un restaurant trois étoiles qui coute plus chère que trois mois de ton putain de loyer que t'es obligé de te payer. » L'adolescent soupira. « On va aller à l'intérieur de cette foutue baraque et tu vas payer huit mois de location pour ton appartement avec ce que tu vas récolter. » La dose excessive d'alcool qu'avait ingurgité la belle brune l'avait fais acquiescer d'un signe de la tête, elle se releva, essayant de trouver un équilibre fiable pour ne pas tomber. Elle avait agrippé avec sa main droite sa paire d'escarpins qui lui avaient usés ses petits pieds. Il ne fallut pas plus d'une minute à Noah pour ouvrir la grande porte qui menait à la demeure. Il susurra à l'oreille de la jeune fille. « Fais attention. » La place était luxueuse, les murs étaient ornés de grands tableaux qui valaient le détour. Elle essayait de chercher quelque chose, elle ne savait pas vraiment quoi, tout ce qu'elle pouvait prendre lui rapporterait une bonne somme. Elle mit dans sa poche la première chose qu'elle avait sous la main et sortis de l'immense bâtiment, il ne la suivis pas très loin derrière. « Je te ramène ? » Elle montra un oui de la tête, il l'attrapa par l'épaule pour l'aider à se diriger vers la voiture. Elle eut quelques minutes d'inanimation, se montrant presque sans vie. C'est seulement devant le pas de sa porte qu'elle rouvrit ses petites paupières. Elle sortit de la voiture et eut la surprise de sentir des lèvres se coller aux siennes. Ce baiser lui avait rappelé l'aigre goût d'alcool. « Merci. » Elle courut vers la porte de l'immeuble.

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